Itana : la première zone franche numérique d’Afrique

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Leur essor est fulgurant : les zones franches numériques redessinent les cartes de l’investissement mondial. En 2023, elles ont séduit près de 5 % des IDE à l’échelle planétaire. Cadres souples, fiscalité avantageuse, infrastructures connectées… ces pôles d’innovation attirent les acteurs technologiques en quête d’agilité et de croissance.

Si l’Afrique compte plusieurs zones franches industrielles de référence, à l’image de Tanger Med au Maroc , les équivalents dédiés au numérique restent rares, voire inexistants. C’est dans ce contexte que des projets comme Itana, la première zone franche numérique du continent, se démarque…

Qu’est-ce qu’Itana ?

Itana, initialement fondée sous le nom de Talent City, est une entreprise basée au Nigeria qui bâtit la première zone franche numérique africaine. Le nom “Itana” vient du mot yoruba “Itanna” signifiant “allumage d’un feu”. Ce modèle s’inspire de juridictions numériques telles que Delaware aux États-Unis, Dubaï Internet City ou e-Estonia. Ainsi, il vise à permettre aux entreprises de s’enregistrer, d’opérer et de facturer au Nigeria, et plus largement en Afrique, sans que leurs dirigeants ou employés aient besoin d’être physiquement présents dans le pays.

En juin 2025, TechCabal confirme le démarrage effectif de la zone numérique qu’il décrit comme le premier “digital free zone” pleinement lancé en Afrique, avec des entreprises qui peuvent déjà s’enregistrer et opérer à distance depuis Lagos, à Alaro City

Comment fonctionne Itana ?

Itana combine un cadre légal, administratif et technologique pour offrir aux entreprises un environnement 100 % digital et sécurisé. Voici ses grandes caractéristiques :

1. Enregistrement et statut légal simplifiés

Les entrepreneurs peuvent enregistrer leur entreprise via Itana en ligne, ce qui leur confère un statut légal nigérian. Ce cadre juridique spécial simplifie les démarches, réduit la bureaucratie et offre des avantages fiscaux similaires à ceux d’une zone franche traditionnelle.

2. Fonctionnement 100 % à distance

L’un des points forts d’Itana est de permettre aux entreprises de fonctionner à distance, sans besoin de bureaux physiques au Nigeria. Cela facilite l’accès à des marchés africains pour des startups, freelances, PME et grandes entreprises qui souhaitent s’implanter rapidement.

3. Facilités bancaires et paiement en devises

Itana donne accès à des comptes bancaires multi-devises, ce qui facilite les transactions internationales. Les entreprises peuvent ainsi recevoir des paiements en dollars, euros ou nairas et payer leurs employés ou fournisseurs dans diverses monnaies.

4. Accès à une communauté et à des services

Les entreprises bénéficient d’un réseau professionnel et d’outils intégrés pour la gestion administrative, la comptabilité, et la conformité légale. Une communauté d’entrepreneurs numériques s’est formée autour d’Itana, favorisant le partage, la collaboration, et l’innovation.

5. Soutien aux employés et recrutement

Itana facilite aussi la gestion des ressources humaines, et cela permet aux entreprises d’embaucher à distance sans nécessiter de visas ou présence physique, ou d’intégrer des talents locaux avec un cadre légal clair.

Pourquoi un modèle comme Itana serait-il intéressant pour Madagascar ?

Madagascar, avec sa jeunesse très nombreuse, son potentiel numérique encore inexploité et ses défis économiques, pourrait largement bénéficier d’une zone franche numérique à la manière d’Itana.

1. Créer un écosystème numérique local dynamique

Une zone franche numérique malgache permettrait à des milliers de jeunes de se lancer dans l’entrepreneuriat numérique sans quitter le pays. Cela favoriserait la création d’entreprises innovantes, la formation et l’emploi dans des secteurs à forte valeur ajoutée.

2. Attirer des investissements étrangers

Avec un cadre fiscal et administratif clair, simplifié et attractif, Madagascar pourrait attirer des startups africaines et internationales, ainsi que des investisseurs cherchant à s’implanter en Afrique de l’Est.

3. Augmenter les revenus sans exploitation de ressources naturelles

Madagascar dépend beaucoup de ses ressources naturelles et agricoles. Une zone numérique serait un levier pour diversifier l’économie, augmenter les revenus en devises, et limiter la dépendance à des secteurs volatils.

4. Améliorer les infrastructures numériques

Pour fonctionner, une telle zone exigerait un accès fiable à Internet haut débit, à l’électricité stable, et à des services bancaires modernes. Cela pousserait à améliorer les infrastructures dans les zones urbaines, avec des effets positifs pour la population générale.

5. Réduire la fuite des cerveaux

Il est désormais incontestable qu’un grand nombre de Malagasy recherchent des opportunités professionnelles à l’étranger, en raison du faible nombre de perspectives et du manque d’attractivité du marché de l’emploi local. Une zone numérique locale offrant des perspectives de carrière attractives pourrait contribuer à retenir ces talents et à renforcer le tissu économique.

Quelles conditions pour réussir un projet similaire à Itana à Madagascar ?

Pour que ce projet soit viable, Madagascar devra :

  • Mettre en place un cadre légal spécial adapté au numérique, incluant des avantages fiscaux, des simplifications administratives, et des garanties pour les investisseurs.
  • Améliorer durablement les infrastructures numériques et électriques.
  • Promouvoir la formation aux compétences digitales pour accompagner la montée en charge.
  • Créer des partenariats publics-privés solides, incluant les banques, les opérateurs télécoms, et les institutions internationales